mercredi 8 mars 2023

Belle Fête de la Femme à vous toutes !

Mes Dames, mes Amies, mes Soeurs ❤ ❤ ❤ 

Voici un extrait tiré du livre Divine Blessure de Jacqueline Kelen. Je vous en souhaite une agréable lecture. Je précise ici que pour moi, la Fête de la Femme est à célébrer aussi sur un autre plan comme un hommage au Principe Féminin qui sommeille en chaque Etre humain et qu'il est essentiel de garder ce point de vue-là pour éviter de tomber dans les dérives de certains combats féministes. A bon entendeur...

LA PRINCESSE ENDOMMAGÉE
Krishnamurti dit un jour : "La sagesse est une suprême vulnérabilité au Réel."
Plus un être découvre sa dimension spirituelle, plus sa sensibilité s'accroît et s'affine. Sa vulnérabilité atteste de la délicatesse de son âme. A cette lumière on peut relire le ravissant conte qu'Andersen publia, au Danemark, le 8 mai 1835 sous le titre La Princesse sur le petit pois et qui est devenu très célèbre.
C'est l'histoire d'un prince qui désire épouser une princesse, une vraie princesse, insiste-t-il. Il voyage de par le monde pour la rencontrer mais en vain. Il regagne sa ville, son château, bien affligé. Le temps passe et voici qu'un soir, alors qu'un orage a éclaté et que les éclairs et la pluie se disputent le ciel, une jeune fille vient frapper à la porte. Le roi lui ouvre. La pauvre demoiselle est trempée, elle a triste mine sous ses cheveux ruisselants, avec ses habits abîmés, mais elle ose se présenter comme une véritable princesse. La reine ne dit rien et accueille la jeune fille pour la nuit mais, afin de démasquer l'intruse, elle prépare sa chambre très minutieusement : elle dépose un tout petit pois sur le sommier et par-dessus entasse vingt matelas puis vingt édredons. Ensuite, elle convie la passante à dormir dans le lit. Le lendemain matin, on demande à la jeune fille si elle a bien dormi mais elle se plaint : à peine a-t-elle fermé l'œil de la nuit parce qu'elle sentait quelque chose de dur comme un caillou, et elle doit avoir le corps couvert de bleus... À son extrême délicatesse on reconnut une vraie princesse et le prince fut très heureux de l'épouser.
Le prince, figure de l'Esprit, part à la recherche d'une âme noble mais il n'en trouve aucune à sa convenance, aucune qui fût assez belle et pure. De son côté, l'âme (la princesse) mène sa quête solitaire dans le monde, elle désire rentrer à la maison, rejoindre le lieu des noces. Or, ce n'est pas par beau temps qu'elle parvient au château - image de la Cité éternelle -, mais après avoir affronté l'orage, après avoir subi toute la pluie du ciel. Plus tard, elle saura que c'est grâce à l'orage, grâce aux souffrances traversées qu'elle est venue frapper à la porte et qu'elle a rencontré le prince. Plus tard, elle saura que la blessure octroie la faveur bien plus que la souffrance. Mais pour l'instant, tremblante devant la porte, devant le roi hospitalier, elle ne sait comment se faire reconnaître, comment montrer sa véritable beauté, cachée sous des habits endommagés, sous le vêtement de l'existence qui ne l'a pas épargnée. La reine est avisée, elle sait qu'une belle âme se reconnaît au fait qu'un rien la touche profondément et durablement. Ce rien prend dans le conte la forme d'un petit pois : qui se soucie d'un petit pois ? qui est assez délicat pour le sentir à travers les couches épaisses du moi ?
La véritable identité de la princesse se révèle non par sa parure, par son nom, par ses richesses mais par les bleus qu'a laissés sur son corps un peut pois de rien du tout. L'âme la plus fine est aussi la plus vulnérable.
Le conte de Cendrillon, transmis par Charles Perrault à la fin du XVIIe siècle, peut être interprété dans le même sens. Aussi bien porte-t-il en sous-titre "La pantoufle de verre". Les esprits cartésiens ont beau préciser que les ravissantes chaussures de bal offertes par la fée marraine à Cendrillon sont "en vair", à savoir en fourrure de petit-gris, l'enfant rêveur qui persiste en chacun de nous se plaît à imaginer des escarpins de verre ou de cristal. Des chaussures introuvables, impensables, autrement dit qui relèvent d'un autre monde, d'une autre réalité et permettent d'avancer dans l'invisible. Le prince du conte ne s'y trompe pas : la femme qu'il épousera - l'âme à laquelle l'Esprit peut s'unir - est celle qui porte ces souliers d'une extrême rareté et d'une très grande fragilité. Derrière l'apparence de Cendrillon aux habits tachés, au visage noirci, l'âme très délicate étincelle et fait entendre sa petite musique de cristal.